Vous avez dit Règle d’Or ?
Libérale, Libération. POLITIQUES du 22/08/11
Nicolas Demorand
Grâce au débat sur la «règle d’or», la droite peut enfin se réconcilier avec elle-même. Avec son identité profonde que la crise des subprimes de 2008 avait mise entre parenthèses. A l’époque, il fallait faire oublier «Sarko l’Américain», et se convertir dare-dare au keynésianisme ; vanter le modèle français et ses amortisseurs sociaux ; entonner le grand plaidoyer pour l’Etat et ses vertus, quand la finance, elle, devenait folle. Nous sommes tous sociaux-démocrates ! Mais désormais, avec la bénédiction des agences de notation, véritables arbitres de la politique française, la droite redevient enfin libérale. Sous couvert de bon sens et de gestion «de papa», alors qu’elle-même a usé avec délice du clientélisme budgétaire et fiscal, mis en place des mesures économiques absurdes qu’elle maintient mordicus pour n’avoir pas à se dédire, elle va enfin pouvoir faire maigrir l’Etat, lui lier les mains pour l’éternité, tailler dans les effectifs des fonctionnaires, les acquis sociaux et les services publics. Où trouver l’argent autrement, dès lors qu’aucune réforme fiscale d’ampleur n’est envisagée, pas même pour les plus riches ? Libérale, la droite l’est aussi dans sa volonté de vitrifier le débat politique : la règle d’or doit être votée car il n’y a pas d’alternative, comme le disait Margaret Thatcher., le piège est habile et la gauche n’a pas encore réussi à en écarter les mâchoires. A elle de démontrer, par-delà la cacophonie de la primaire, que la crise économique n’est pas le stade terminal de la politique. Et qu’il existe d’autres voies pour sortir du marasme.
Source : Politiques. Libération 22/08/11. N.Demorand